Comment se préparer à la pratique de la Méditation journalière ?
La Méditation si elle prend ses racines dans la Bible et dans la Kabbale trouve également son origine dans les textes anciens du Talmud et de la Halacha juive.
« Ora’h Haïm » (Hil’hot Téfila, § 88 et suite), la première des quatre parties composant le Shoul’han Aroukh, recueil de lois religieuses et de jurisprudence (halacha) rédigé en 1563 par le grand kabbaliste et Sage Yoseph Karo, décrit minutieusement les différentes techniques permettant d’adhérer progressivement à la lumière divine par la Méditation.
Le méditant, suivant l’exemple des Tannaïm, maîtres à penser du 1er siècle de notre ère, doit tout d’abord se mettre en état de « diriger son cœur » vers l’Eternel comme il est écrit: « Tu entends le souhait des humbles, Eternel, tu affermis leur cœur, tu leur prêtes l’oreille » (Psaume 10 : 17) puis d’imaginer que la Shekhina [« Présence divine »] se trouve face à lui : « Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur » (Psaume 16 : 8).
Dans le traité Bérakhot [Talmud de Babylone 5 : a], l’on fait mention de Sages- les « premiers pieux, Hassidim Rishonim »)- qui prenaient grand soin avant la prière quotidienne, de se mettre à l’écart du monde afin de pouvoir, loin des vicissitudes du monde, méditer dans le silence, diriger leur esprit vers l’Eternel et, entre autres, pratiquer un sincère examen de conscience, stricte et rigoureuse condition qu’ils s’imposaient afin accéder à la Pleine Conscience, au Tout Universel, à l’Unité cosmique. La lumière divine emplit toute la Création (Psaume 145 : 13).
Introspection quotidienne
La découverte de cette sublime lumière requiert un travail de purification intérieure. Le verbe hébreu LéHiTPaLeL, communément traduit par « prier » signifie littéralement : « se juger, porter un regard introspectif » sur soi-même et ses actes. Les Sages d’Israël s’entraînent à développer une conscience véritable de soi. Cette écoute intérieure dans le silence de la retraite permet de faire croître en soi le sens de la Vérité et ainsi d’adhérer à la Shé’hina de l’Eternel. Le texte du Shoul’han Aroukh va encore plus loin en enseignant que ces premiers pieux, « en s’isolant et en dirigeant leur prière arrivaient à se dépouiller de toute matérialité… au point qu’ils s’approchaient du niveau prophétique » (Hil’hot Téfila, § 88).
La prière synagogale, à l’origine rédigée sous forme de Méditation, s’est, au fil du temps, beaucoup éloignée de son origine méditative et contemplative. Plusieurs raisons expliquent cet état de fait : La longueur des textes, la complexité à saisir le sens de la langue hébraïque biblique et talmudique auxquelles se sont ajoutés le stress et les contraintes inhérentes aux temps modernes, obstacles majeurs à la concentration. Les Sages d’Israël ont ainsi été amenés à faire un compromis qui, loin d’être satisfaisant sur le plan spirituel, a permis de sauver la prière collective au détriment de la prière spontanée. En effet, les Sages d’Israël, conscients de ces obstacles et de la faiblesse humaine, soutiennent la thèse selon laquelle la prière collective serait, pour notre temps, d’un niveau plus élevé car plus accessible que la prière spontanée. Cette idée se fonde sur au moins deux faits, à savoir que la prière spontanée requiert un niveau de concentration plus intense que la prière collective, plus adaptée au grand nombre et ensuite, que cette dernière, fondée sur la solidarité de chaque membre se soutenant mutuellement et la ferveur suscitée par l’effet de groupe, compenserait d’une certaine manière la perte ou l’amoindrissement de concentration.
Développement de la Méditation kabbalistique aux Etats-Unis
Dans les années 60 du siècle dernier, l’on assiste aux Etats-Unis, sous l’impulsion de plusieurs figures emblématiques du Judaïsme, les Rabbins Aryeh Kaplan, Zalman Schachter-Shalomi (1924-2014), le chanteur Shlomo Carlebach (1925- 1994) à un Renouveau significatif de cette Méditation juive se fondant sur la Kabbale. Le Judaïsme français ne sera quasiment point touché par ce mouvement de Téshouva visant à dépasser le cadre légaliste de la religion et à révéler la richesse méconnue de dimension spirituelle du Judaïsme.
En ces temps de stress, de compétition, d’individualisme et d’égoïsme, il serait bon de retrouver l’esprit méditatif qui animait ces pionniers du renouveau spirituel et méditatif au sein même du Judaïsme. Nombreux sont ceux qui, au cours des siècles, lui ont accordé quelque attention. Tous les êtres humains sont en recherche de sens à donner à leur vie. La pratique de la Méditation kabbalistique permet d’insuffler un véritable sens à notre quotidien. Cette Méditation encore méconnue du grand public a encore bien des merveilles à dévoiler.
Dans un prochain article, je développerai à partir de toutes les sources citées dans cette article quelques techniques pratiques de Méditation quotidienne accessible au plus grand nombre pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à s’élever et à s’épanouir spirituellement et mentalement.
« Elle n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : « Qui montera pour nous au ciel et nous l’ira quérir, et nous la fera entendre afin que nous l’observions ? » Elle n’est pas non plus au-delà de l’océan, pour que tu dises : « Qui traversera pour nous l’océan et nous l’ira quérir, et nous la fera entendre afin que nous l’observions ? » Non, la Parole (divine) est tout près de toi : tu l’as dans la bouche et dans le cœur, pour pouvoir l’observer ! » (Deutéronome 30 : 12-14).
Haïm Ouizemann
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